Les trois amis

Trois amis, un âne, un ours et un cochon décidèrent un jour de se rendre à la maison de Dieu. Comme offrande, chacun portait dans son panier du beau pain de premier choix.

En route, les amis rencontrèrent une chatte et ses petits.

― Aidez-moi à faire traverser la rivière à mes petits chatons, leur demanda-t-elle.
― Une bande de chiens arrive en courant. Si je peux emmener ma famille de l’autre côté du cours d’eau, ils perdront ainsi notre odeur et notre trace.
― Nous n’avons pas le temps, répondit l’ours.
― Débrouillez-vous! ajouta le cochon.
― Monte sur mon dos avec tes petits chatons, dit alors l’âne. Et il leur fit traverser la rivière.

Puis, les trois amis rencontrèrent sur leur route un oisillon.

― Je suis tombé hors de mon nid il y a quelques jours. Je n’ai rien mangé depuis, dit le petit oiseau.
― Est-ce que vous pouvez m’aider?
― Il y a des vers dans la terre, lui répondit l’ours.
― C’est simple, creuse, dit le cochon. Mais le bec de l’oisillon était trop tendre et la terre trop dure.
― J’ai du pain » dit alors l’âne. Mais d’abord, pensons à trouver un endroit sûr, à l’abri des dangers. Il cacha alors l’oisillon dans des broussailles et lui donna à manger du pain de son panier.
― Maintenant, regarde, fit remarquer l’ours.
― Tu as fait une grave erreur. Il ne reste presque plus de pain que tu destinais à Dieu. Il est à moitié mangé.
― Je suis content de ne pas être dans tes sabots, grogna le cochon.

Peu de temps après, les trois voyageurs rencontrèrent un autre animal qui avait besoin d’aide. Cette fois-ci c’était un renardeau. Il avait été pris dans les dents d’acier d’une trappe posée là par un chasseur.

― Attends là, lui dit l’ours.
― Nous devons aller à la maison de Dieu. Nous serons bientôt de retour, et alors, nous t’aiderons.
― Ça ne sera pas bien long, ajouta le cochon. L’âne, quant à lui, courut vite auprès du jeune renard.
― Tu seras en retard pour voir Dieu! lui fit remarquer l’ours.
― Tu as déjà donné une partie de ton pain, dit le cochon. Mais l’âne donna des coups de sabot dans la trappe, une fois, deux fois. La peau tendre de son sabot s‘étant ouverte, il commençait à saigner. Mais il donna encore des coups de sabot. Encore et encore jusqu’à ce que la trappe s’ouvre. L’âne conduisit ensuite le renard vers un point d’eau. Après s’être assuré que le renard ait bu à satiété et ait bien lavé ses blessures, il lui donna son reste de pain. Puis les deux animaux se dirent au revoir avant de se quitter. L’âne continua sa route vers la maison de Dieu.

Pendant tout ce temps, l’ours et le cochon eurent le temps de se rendre chez Dieu. Ils se tenaient devant Dieu et sa magnificence.

― Nous avons apporté des cadeaux pour vous, ont-ils dit en présentant leur panier à Dieu.

Dieu retira le linge qui recouvrait chaque panier. Il vit les pains, mais ne dit rien. Au même moment, l’âne arrivait essoufflé. La blessure reçue en délivrant le renard de la trappe le faisait encore boiter.

― Apporte-moi ton panier, lui demanda alors Dieu.
― Oh, ne perdez pas de temps avec lui, dit l’ours. Il a préféré faire cadeau de l’offrande qu’il vous destinait.
― Il l’a gaspillée, ajouta le cochon, il n’a plus rien à vous offrir.
― J’ai bien peur que mes amis disent la vérité, fit remarquer l’âne, tête baissée, qui avait déposé son panier aux pieds de Dieu.

Dieu retira le linge recouvrant le panier de l’âne. Un éclat scintillant jaillit immédiatement : le panier de l’âne était plein de diamants. L’ours et le cochon en restèrent bouche bée.

― Il doit y avoir une erreur! dirent-ils d’une seule voix.
― Non! dit Dieu. Vous avez commencé avec du pain et vous avez fini avec du pain. L’âne aussi a commencé avec du pain, mais grâce à l’amour qu’il a porté à ses semblables, il a terminé avec des diamants, la richesse de son cœur n’a pas de prix.

Puis Dieu soigna Lui-même la blessure de l’âne et de Ses propres mains, en lui offrant de l’avoine et de l’eau.