Il existe une histoire concernant un artiste français bien connu dans son pays. Il vivait dans un grand domaine à une distance considérable de Paris. L’artiste voulait que l’un des plus prestigieux médecins vienne chez lui, mais la distance était grande. L’artiste prétendit être atteint d’une maladie grave, et ainsi, jouant sur sa compassion, inciter le médecin à venir chez lui. Lorsque le médecin arriva, il découvrit que ni l’artiste ni aucun membre de sa famille n’étaient malades.
L’artiste dit : « Nous vous avons demandé de venir parce que notre chien a une patte cassée et nous voulons que vous répariez la fracture ». « Quoi ! », s’écria le docteur en état de choc. « Pourquoi m’avez-vous dit que vous étiez gravement malade ? » L’artiste répondit : « Si nous vous avions dit, à vous ou à tout autre médecin, que c’était pour soigner notre chien, personne n’aurait fait tout ce chemin ».
Rageant intérieurement d’avoir été dupé de la sorte, le médecin ne dit mot et en bon médecin qu’il était, il traita le patient, même si c’était un chien. Silencieux, le médecin termina son travail, soigna la fracture et partit. De nombreux mois passèrent… Le médecin, toujours en colère contre l’artiste qui lui avait fait ce coup, voulut se venger. Alors, il élabora un plan de vengeance.
Il envoya donc ce message à l’artiste : « J’ai besoin de vos talents pour peindre. Pouvez-vous venir chez moi à Paris ? » Comme le médecin avait sauvé son chien, l’artiste ne pouvait pas refuser. Il était prêt à peindre une belle toile que le docteur pourrait accrocher au mur. Étant célèbre, il savait que l’œuvre qu’il créerait aurait de la valeur et que le médecin pourrait même la vendre un jour à un fort prix. L’artiste partit pour Paris avec son matériel en main.
L’artiste arriva chez le médecin qui en ouvrant la porte le salua avec arrogance et un air hautain. Après que l’artiste fut entré, le médecin lui tendit un seau de peinture jaune en lui disant : « Je vous ai convoqué parce que j’ai une commode avec des portes en bois que j’aimerais que vous peigniez en jaune ».
Ce fut une grande insulte pour lui, car le médecin l’avait fait venir pour lui rendre la pareille en le contraignant à peindre comme le ferait un peintre en bâtiment et non comme un artiste peintre. Il comprenait très bien que le médecin se vengeait pour l’avoir fait venir chez lui sous prétexte de guérir un humain gravement malade, alors qu’il voulait simplement qu’il soigne son chien. Cependant, l’artiste ne se mit pas en colère et déclara qu’il allait peindre les portes de son armoire. Le médecin le laissa seul dans la pièce en lui disant : « Venez me chercher dans la pièce voisine quand vous aurez fini ».
Quelques heures passèrent et le médecin se demandait pourquoi l’artiste mettait tant de temps à étaler de la peinture jaune sur deux petites portes d’armoire. Finalement, quand il eut terminé il appela le médecin ; en entrant dans la pièce, ce dernier fut si surpris qu’il resta bouche bée. Au lieu de se limiter à peindre en jaune les portes de bois, l’artiste y avait peint un magnifique paysage. C’était une œuvre d’art !
Le médecin adora le tableau et le remercia. Toutefois, ce qui est encore plus admirable que le tableau, c’est que l’artiste aurait pu se mettre en colère et se venger de cette insulte, mais au lieu de cela, il offrit au médecin un magnifique chef-d’œuvre. Le médecin réalisa que le peintre avait la force d’accepter l’insulte et qu’au lieu d’entretenir le cycle de vengeance, il avait mis fin, avec cette œuvre d’art et ce geste d’amour, à ce qui aurait pu devenir une querelle interminable.
Le médecin, honteux d’avoir tenté d’humilier et d’embarrasser l’artiste, lui présenta ses excuses et le remercia pour sa gentillesse. De même, l’artiste demanda pardon au médecin pour l’avoir fait venir chez lui sous prétexte de le soigner, alors qu’il l’avait piégé pour qu’il soigne son chien. Chacun accepta les excuses de l’autre et les deux hommes continuèrent à se traiter mutuellement avec amour et respect.
Cette histoire montre les deux voies qui s’offrent à nous et dont chacun a le choix d’emprunter. Lorsque quelqu’un nous blesse en paroles ou en actions, nous pouvons choisir la voie de la vengeance, de la colère et des représailles, ou nous pouvons choisir celle du pardon et de l’amour.